La Garantie Loyer Impayé (GLI)
16 décembre 2023Attirer, former, fidéliser les talents dans l’ADB
16 février 2024La loi Climat et résilience interdit la location de certains logements depuis janvier 2023. Il s’agit des logements avec une consommation énergétique trop importante. Par ailleurs, le nombre de logements interdits à la location augmentera dès 2025. Pour éviter de se retrouver dans cette situation, les propriétaires bailleurs concernés doivent alors nécessairement améliorer la classe DPE de leur(s) logement(s) en effectuant des travaux de rénovation énergétique. Malgré cette obligation, la rénovation énergétique dans une copropriété n’est pas aussi simple qu’elle y paraît.
Des mesures impossibles à appliquer en copropriété
Le 22 mai dernier, Elisabeth Borne a évoqué son souhait d’interdire à court terme l’installation de chaudières à gaz dans les appartements et les maisons. Un projet “complètement irréalisable” pour Christophe Veyrières et Camille Faloci.
Dans la plupart des copropriétés, les chaudières individuelles sont en réalité rattachées à des conduits qui, eux, ne sont pas individuels. Lorsqu’il est nécessaire d’intervenir et d’effectuer des modifications sur des parties concernant plusieurs propriétaires, il devient alors obligatoire de demander l’accord de l’ensemble de la copropriété.
Des contraintes techniques
Pour installer une pompe à chaleur, une emprise au sol est nécessaire. Certains immeubles auront la possibilité de les installer sur les toitures plates éventuellement. “Concernant les immeubles traditionnels, il sera impossible de les poser sur les façades ou les balcons. Les architectes des bâtiments de France refuseront, et ils auront raison !” ajoute Christophe Veyrières.
De plus, pour aller vers une source de chauffage électrique, les colonnes électriques vont devoir supporter une intensité beaucoup plus importante. Enedis doit donc intervenir, mais n’a cependant pas de visibilité avant 24 mois.
Des contraintes juridiques
Pour installer une pompe à chaleur ou réaliser des travaux d’envergure, il est nécessaire d’obtenir l’autorisation des autres copropriétaires, à l’unanimité. Cependant, seuls les propriétaires bailleurs ont l’obligation de rénover énergétiquement leurs biens. Les propriétaires occupants n’ont pas la même obligation puisqu’ils ne louent pas leurs biens. Obtenir leur autorisation peut donc être très compliqué.
Des contraintes financières
Les propriétaires bailleurs ont déjà des charges courantes à régler chaque mois, mais également des travaux tout au long de l’année pour maintenir les copropriétés en bon état. Avec l’inflation actuelle et les aides de l’État qui s’amenuisent, il est compliqué de leur demander d’effectuer des travaux d’isolation en plus.
Les démarches administratives pour obtenir les aides de l’État sont également un frein à la rénovation.
“Quand on est confronté à la réalité du terrain, on se rend compte que ce n’est pas tenable, même complètement irréalisable et que les investissements nécessaires sont colossaux.” résume Christophe Veyrières.
Un vrai problème de fond
“Tendre progressivement vers une rénovation énergétique intelligente est un beau projet. Sur le fond, on est tous d’accord, mais dans la réalité, il faut du temps. Ca ne se fera qu’au compte goutte et en fonction des contraintes de chaque copropriété.” explique Camille Faloci.
De plus, la réalité est compliquée à accepter par certaines tranches d’âge : certains séniors n’acceptent pas de devoir réaliser de gros investissements, car ce n’est pas rentable pour eux. “Nos clients nous le disent ouvertement : l’énergie, ce n’est pas notre problème, ce sont nos enfants qui s’en occuperont.” ajoute Camille Faloci.
“Rénover toutes les copropriétés reviendrait à rattraper 40 à 50 ans d’inaction sur ces mêmes bâtiments, ce qui semble totalement impossible. La transition écologique est une transformation en profondeur de nos modèles économiques. Ça ne se fait pas en claquant des doigts.” résume Christophe Veyrières.
Des propriétaires bailleurs complètement perdants
Les propriétaires bailleurs sont alors mis au pied du mur. Non seulement leurs biens ne leur rapporteront plus de revenus locatifs, mais en plus, ils devront débourser de grosses sommes pour rénover énergétiquement leurs biens. Dans un contexte économique et géopolitique incertain et face à toujours plus de réglementations, ils sont nombreux à choisir de vendre leurs biens.
Pour Christophe Veyrières, “on est en train de créer une fracture immobilière entre ceux qui ont des connaissances en immobilier et ont de l’argent, et ceux qui n’y connaissent rien ou n’ont pas les moyens. Rien n’est fait pour encourager l’investissement.”